Parce que ça n'a aucun rapport avec ce RP, mais que j'aime le jazz quand même x) Ecoute, fais-toi plaisir x)


Cette nuit, Danaé avait dormi aux marécages, comme souvent. Et elle y était restée la matinée, comme rarement. C'étaient des lieux sécurisants, mais oppressants, alors d'habitude, elle s'arrangeait pour passer sa journée ailleurs. Dans un endroit un tant soit peu plus accueillant. Où la boue laissait place à de l'herbe tendre, flottant au gré du vent. Où les arbres rayonnaient de vie. Enfin, plus ou moins bien sur *sort*.

Et pourtant, aujourd'hui ... Voilà. Elle voulait y rester. Tout l'après midi ? Peut-être. En soirée ? Éventuellement. A voir. On sait jamais. Probablement. C'est possible. Autant de mots pour illustrer une seule idée. Ce n'était plus au jour le jour mais à la minute la minute. Et au diable la destinée ! Cette petite pétasse, qui croit pouvoir dicter notre vie, et nous faire traverser une voie de chemin de fer juste devant le TGV. Elle se la pète, mais finalement, elle n'est au dessus de personne. Si ça se trouve peut-être même qu'elle aussi a un chemin tout tracé. Peut-être que depuis le début, ce ne sont pas des millions de petite destinée qui se promènent, une pour chacun de nous, mais bien une seule, qui les rassemble toutes dans un seul but. Façonner un monde qui ne conviendra qu'aux plus forts.

Alors il fallait s'y mettre. La carte de membre de l'élite s’acquiert par le sang, ou par le travail. Il y a ceux qui attendent patiemment un héritage aussi stable qu'un château de cartes, et ceux qui bossent toute leur vie pour construire une forteresse inviolable. La première catégorie est bonne pour les fainéants. La seconde est beaucoup plus classe. Un peu difficile, mais ça vaut le coup. Le travail ouvre toutes les portes. Presque. Et des portes ouvertes, Danaé en veut. Avec une issue de secours si possible.

Alors aujourd'hui, elle allait travailler. Un peu. 'Fallait pas trop se forcer. Non pas que c'était une première, elle pratiquait déjà beaucoup, mais elle voulait se ménager avant que n'explose la tempête. Qui sait, peut-être la guerre avait-elle déjà commencée ? Il fallait se tenir prêt. Alors aujourd'hui, elle devait choisir quelque chose de simple. Enfin, simple pour le concept, mais complexe dans le fond. En fait, Danaé avait du mal avait du mal à "suivre" l'eau qu'elle déplaçait lorsqu'elle n'était plus sous ses yeux. Par exemple, si elle infiltrait l'eau à travers la terre, elle en perdait vite la trace. Impossible d'aller plus loin qu'un mètre sous terre. Après, c'était comme si son élément avait disparu, comme s'il ne laissait plus aucune trace. Et puis la terre, c'était compliqué. Trop compact, trop ... terreux.

A quelques mètres du bord, elle aperçut une pousse de roseau, qui se pliait en direction de l'ouest, conformément au sens du vent d'aujourd'hui. C'était l'outil idéal. La feuille de roseau : souple, fine, sensuelle. La rouanne envoya quelques millilitres d'eau au contact du roseau. L'auscultait avec précision et douceur. Cherchant la faille, un endroit par lequel elle pourrait y pénétrer. Et trouva. Vers la base de la feuille, il avait été un peu abîmé, un peu mordillé, peut-être par un petit mammifère de passage. L'eau tenta son entrée, essayant de rejoindre un semblant de "veine". Quelque chose dans lequel elle pourrait circuler. Enfin, elle atteignit une des nervures de la feuille, et s'y engouffra, avide de trouver contenant. Danaé tacha de garder le contact. De ne pas perdre la trace de son élément. Maintenant qu'il était dissimulé à l'intérieur de la feuille, elle ne pouvait compter que sur le lien qui les unissait. Au fur et à mesure, elle perdit plusieurs gouttes. Pas assez concentrée peut-être. Alors elle fit entrer toujours plus d'eau, toujours par la même entrée, afin de monopoliser chacune des nervures de la feuilles.

C'était bon. Elle s'y était parfaitement infiltrée. Danaé sentait vibrer chaque cellule du roseau. En manipulant l'eau qu'elle avait infiltrée, elle réussit à faire tourner la pointe de la feuille. C'était un début. Quand elle eu parfaitement prit ses marques, elle décida d'être plus ambitieuse. Comme si le roseau était son pantin, elle le manipula à sa guise. La feuille se pliait, s'enroulait autour de la tige, se mouvait, d'abord avec hésitation, puis avec grâce et aisance. La feuille en paraissait presque féminine. Presque vivante.

Le roseau suivait un rythme que seule Danaé connaissait. Le sien. Parfois, elle tapait de l'antérieur pour garder en tête le tempo qu'elle lui dictait.
Une voix grave rompit le silence, et du même coup, la concentration de la rouanne. L'eau s'échappa par le même endroit qu'elle était entrée, et la feuille de roseau revint à sa forme initiale : monstrueusement plate et inerte.

- Tu t'es améliorée dis-moi...

Elle fit volte-face. Alors comme ça, son cousin venait faire un tour aux marécages ? Cela tombait bien, ils avaient à parler. Enfin, surtout elle. Histoire de connaître leur position exacte dans le conflit, si conflit il y avait. Un pacte avait-il été décidé entre les Royaumes de l'Eau et du Feu ? Le Royaume de l'Air était-il le seul ennemi ou bien quelqu'un s'était-il ajouté à la liste des invités ? Il vaut mieux savoir si qui on tape, vous ne pensez pas ?

- Je ne me souviens pas avoir été mauvaise, répondit-elle avec ce petit rire si féminin qu'était le sien.

Elle sentit quelque chose lui couler des naseaux. Quelque chose de chaud. Une goutte tomba de sa narine vers le sol. Une goutte de sang. Elle se retourna. Par fierté ? Je ne sais pas. Elle non plus. Elle ne sait pas pourquoi elle se cache.

Elle trempa son museau dans l'eau sale et souffla des naseaux. Le liquide rougeâtre se mêla avec l'eau des marécages. C'était à vomir. Les lieux n'étaient déjà pas terrible auparavant, mais là, c'était la mouche sur le crottin (cerise sur le gâteau version équestre xD) ! Elle mélangea le tout, d'abord avec l'antérieur, puis avec son don. Jusqu'à ce qu'il n'y ait aucune trace d'un quelconque saignement. C'était ... étrange, ce soudain besoin de dissimuler ce qui coulait dans ses veines. Peut-être que le sang était une marque de faiblesse. Ou, au contraire, de trop grande avidité. Elle ne savait pas. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'il fallait cacher.

- Et si ... tu me mettais au courant des tendances actuelles ? le questionna-t-elle, toujours de dos. Elle se retourna : Il était question d'une alliance avec le Royaume du Feu il y a quelques temps, non ?

Elle avait clairement annoncé la couleur. Elle ne voulait pas parler de ce petit incident, et préférait discuter stratégie. Avec calme et sérieux. Si possible. Il ne faut pas prendre la guerre à la légère, bien au contraire.

L'Eau est ainsi. Le Feu s'éteint sous le vent quand il s’affaiblit, la Terre s’effrite et devient poussière sous le poids qu'elle ne peut plus supporter, l'Air disparait des cavités lorsqu'elle est consumée. L'Eau... l'Eau trouve toujours sa forme où qu'elle soit, et ses faiblesses comme ses forces sont naturellement source de secrets, enfouies sous son Âme... Et nous sommes de l'Eau. Tous ceux nés en ce Royaume.

L'explication, ou plutôt le détournement de son cousin laissa Danaé perplexe. Il était fier, très fier. Trop même. Elle faillit ronfler de mécontentement, sortir une réplique cinglante, exprimer son attente, lui faire comprendre que ça ne lui suffisait, que ça ne suffisait pas comme excuse. Lui dire que se dérober n'est pas toujours un acte censé. Lui dire qu'elle pouvait toujours changer d'avis et décider de ne plus le suivre. Pour en suivre un autre ? Non. Pour suivre ses propres traces. C'est étonnant de constater à quel point ce simple fait d'avoir voulu échapper à sa question la rendait folle. Prête à cracher devant les antérieurs du silver, il coupa court à son idée en ajoutant :

- Tu viens souvent ici, je constate...

Elle se calma. La simple allusion aux marécages suffisait à l'apaiser. Loin d'être son lieu favori, c'était tout de même l'endroit où elle dormait le plus souvent, faute de mieux. Faute d'envie aussi. Mais pas totalement calmée pour autant, elle répondit de façon sèche :

- Tu constates bien. Et pourtant, je ne te croyais pas capable de remarquer autre chose que ce qui te concerne.

Paf, ça, c'est fait. En espérant qu'il ait compris son aigreur, elle fouetta l'air de sa queue brune. Avec un regard de défi, elle continua :

- J'estimais ne rien te cacher, et espérais secrètement que cela serait réciproque. Me serais-je trompée ?

Elle était manifestement déçue ... Déçue de s'apercevoir qu'il pensait encore qu'elle se contenterait de belles phrases. Cela aurait peut-être marché, avant. Peut-être. Mais le peu de naïveté qui l'avait habité s'était envolée.

Son cousin restait silencieux. Attendant une réponse de sa part, la rouanne restait fixe et ne bougeait pas d'un cil, le couvant d'un regard mi-soucieux mi-curieux. L'ai grave, il répondit :

- As-tu questionné le bon sujet, Danaé ? Crois-tu mes mots te cacher les réponses directes à tes questions, simplement parce qu'autre chose intrigue ta curiosité ?

Danaé voulut lever les yeux au ciel, comme un chaton ignorant les remarques de sa mère. Décidément, le silver avait toujours "réponse à tout" ... Il la coupa dans son élan d'immaturité en ajoutant :

- Tu veux que je ne cache rien à ta personne? Arrête de plaindre cette incapacité à obtenir ce que tu cherches, comme une pouliche trop curieuse. Commence par être une Dame et pose-moi-enfin-cette-question.

La jument serrait les dents. Il prenait avec elle l'attitude du père sévère auprès de sa progéniture en faute. Et elle, décidée à camper ses positions, s'obstinerait à ne pas vouloir le comprendre. Ils se trouvaient dans une impasse. Et la rouanne ayant un trop gros fessier et une trop grande fierté pour vouloir et même pouvoir faire demi tour, elle s'était décidée à ne pas faire avancer le schmilblick. Elle se retourna et ignora la présence de son cousin. Il n'était plus là. Le Maître de l'Eau n'était plus là. Danaé entra dans l'eau sans manifester le moindre dégoût pour son insalubrité et profita du contact qu'elle avait avec son élément pour s'en imprégner. Le liquide sale s'enroula autour de ses jambes à la manière et à la grâce d'un serpent venimeux, et l'accompagna dans chacune de ses foulées, la poussant toujours plus loin au milieu des roseaux.

- Je crois que je n'ai plus envie de te parler, dit-elle avec un ton soucieux, comme si elle se demandait qu'est-ce qu'elle pouvait bien encore être en train de dire. Je ne sais plus trop. Je ne sais pas si nous sommes réellement fait pour nous entendre ...

Ses paroles laissait échapper cette petite once de déception qu'elle avait à cette idée. C'était tout de même malheureux, de ne pas réussir à se lier alors qu'ils étaient condamnés par le sang et par la patrie à se côtoyer jusqu'à la mort. Leur personnalités étaient-elles donc si différentes ? Soudain, Danaé sentit qu'un être de chair s'enroulait autour de son postérieur gauche. Son épiderme se déchira au contact des écailles de la créature. Le sang glacé, elle resta complètement immobile, attendant que le serpent se lasse de sa peau brune, et veuille bien aller prendre des âmes autre part. Apparemment très sûr de lui, il commença à étreindre le postérieur de la rouanne qui, malgré elle, allait vaciller. Un geste et il transpercerait son jarret. Le regard vide, elle garda l'équilibre sous la douleur et tenta de faire appel à son élément, qui restait désespérément silencieux. Regrettant la moment où elle s'était éloignée de la berge avec fierté, elle se remémora la morsure de sa soeur avec un sourire éteint. Ainsi donc le destin avait décidé de changer de cible.

Les serpents ont toujours eut une façon très sensuelle de donner la mort. D'abord agréable, leur étreinte vous enserrait les membres avec passion. Et puis, se resserrant autour de vos jambes avec force, vous faisait oublier la douleur d'un membre vidé de son sang, avant de passer dans l'autre monde. Danaé pouvait sentir le coeur du reptile battre calmement près de sa peau. Calme, oui. Il faisait cela tous les jours, c'était même le cycle normal de la vie et de la mort. Enfin, surtout de la mort, pour le coup.

Et puis, l'enivrement était terminé, la douleur revenait. La rouanne fronça les arcades sourcilières, et se retourna juste à temps pour voir son amant d'un soir flotter à la surface de l'eau et son cousin faire connaissance avec les terres de Denmoriny. Hin hin hin, elle était drôle, non ? Partant au galop vers la berge avec un coup de cul royal, elle rejoint son objectif en quelques secondes. Danaé se pencha sur Keïross et souffla sur son toupet. Il avait l'air inconscient. Et calme. Comme plongé dans un sommeil dénué de songe ... Et finalement, il était bien comme cela. Plus beau endormi qu'éveillé. Doucement, comme pour ne pas trop le réveiller, la jument l'appela :

- Keïross ... Merci. Mais il faut te lever maintenant. Même si je t'avoue que je te préfère quand tu dors.

Pas sûre qu'il allait se réveillé, elle invoqua son élément, et l'eau des marais glissa sur le sol jusqu'aux sabots de la rouanne. Calme et assurée, elle faisait glisser le liquide sur le corps du silver, sans toutefois vraiment le toucher et lui créa une couverture d'eau à quelques millimètres de sa peau. Elle relâcha l'emprise qu'elle avait sur son élément qui tomba sur son cousin en un petit splatch ! bien sonore. Et puis, elle se retourna, laissant l'étalon se lever, ou pas d'ailleurs, puisqu'elle ne savait s'il s'en était réveillé. Elle rejoint les marécages, et forma sa bulle d'eau habituelle. Toujours bien sculptée. Elle tria même son eau pour en faire tomber les lentilles et autres trucs dégoûtants qui grouillaient dans l'eau. Son oeuvre était admirable.