Le soleil était, en cette douce journée, haut dans le ciel. C'était avec un plaisir non feint que le jeune étalon en appréciait la chaleur sur son corps clair aux reflets d'or. Il marchait depuis de longues heures désormais, mais ses membres aussi puissants que fins le portaient encore avec aisance, l'emmenant en voyage sur ces terres qui étaient celles de son Royaume. La terre, encore et toujours, l'appelait, susurrant son nom comme le croyant répétait sans discontinuer la divine promesse. Mais l'attendait-on réellement, lui qui n'était le fils de personne sinon de la Terre et d'une louve noire aux yeux dorés ? Il n'avait toujours eu qu'une conviction : chacun se devait d'être utile à la survie de la meute, et c'était sans hésiter qu'il entrerait dans son rôle, quitte à s'user prématurément.

Mais comme il continuait de marcher, une effluve équine vont lui chatouiller les naseaux. Il s'arrêta un instant, regardant autour de lui ce paysage à couper le souffle : seul sur une crête rocheuse, une rivière presque sèche serpentait en contre-bas, érodant chaque jour un peu plus les roches oranges et graves. Que cet endroit était beau ! Qu'il l'apaisait ! Mais jeune loup, ne te détourne pas de ton objectif, ne laisse pas tes sens s'engourdir. Sans un mot ou une hésitation, il reprit alors la marche, découvrant alors un étalon qui se tenait droit, presque au carré, mais qui ne disait rien, ne bronchant pas non plus à son approche.

Le jeune étalon continua de s'avancer pour ne s'arrêter qu'à quelques mètres de l'inconnu. Puissant et solide, l'étalon à la robe café au lait semblait attendre de lui quelque chose. Un sourire glissa rapidement sur les lèvres de Corr  cette idée, alors qu'il avait posé ses yeux d'azur dans ceux de l'étalon. Corr était un élégant modèle : fin mais puissant, son corps était parcouru de nerfs qui gonflaient sous sa peau, alors que sa robe aussi étrange que rare ne faisait qu'ajouter à son charisme et sa naturelle prestance. Ses traits étaient fins et délicats, racés, en somme, alors que quelque chose de sauvage et de prédateur s'émanait de lui. Il semblait en fait être un Ambassadeur, venu d'un de ces grands empires lointains.

Orgueilleux et fier, le jeune étalon se cabra soudain, s'élevant à la verticale du sol. Pourtant, il ne se montrait pas menaçant : il avait su reconnaître un des habitants du Royaume en face de lui, sans lui concéder encore pourtant les attributs de meneur. Aussi, il ne bâta pas l'air de ses sabots tranchants, et se laissa seulement retomber, calmement.

| Salutations.