Et toi, jeune et jolie demoiselle, que cherchais-tu en ces terres de si bonne heure ? Tu n'étais pas chez toi, et si tu pouvais user de tes fabuleux pouvoirs, d'autres le pouvaient aussi. Mais insolente, tu n'avais peur de rien. Tu aimais te frotter aux autres dans des jeux guerriers et ton corps en portait d'ailleurs les nombreuses marques. Agile et rapide, tu trottais au milieu de la forêt, découvrant une allure légère et dynamique. Ton corps sombre se fondait presque dans l'ombre des arbres alors qu'étrange muse, tu te faufilais entre les troncs, comme si tu cherchais un endroit précis, une origine zéro. Tes petites oreilles noires se tendaient toujours en avant et, courageuse, tu poursuivais ton chemin. Cherchais-tu quelqu'un, une ombre, un souvenir une étreinte ?

Tu l'aperçus alors. Habillé de blanc et d'alezan, il marchait au hasard des arbres, ses yeux s'arrêtant sur tout un presque. Un nouveau. Un étrange sourire, presque cruel, passa sur ton visage. Quoi de mieux qu'une nouvelle rencontre pour distraire tes journées mornes et ternes, Reine aussi cruelle que joueuse ? Pour te signaler à lui, tu poussais un bref hennissement, rauque et bas de gorge, à la manière des étalons. Tu prenais toujours un malin plaisir à te faire passer pour ce que tu n'étais pas, et tu savais que ta démarche et ton essence mâles pouvaient te permettre cette fantaisie, du moins lors de tes premières approches. Tu t'avanças donc vers lui, te plantant face à lui, droite sur tes aplombs, le col légèrement arqué, révélant une tenue altière mais naturelle. Tu savais ta lignée, tu savais le formidable pouvoir qu'ils t'avaient laissé. Pour autant, tu ne déclamais sur tous les toits que de l'Air, tu en étais la reine. A eux, simples guerriers, de le découvrir ou de l'apprécier.

« Salutations, étranger.

Le sourire qui barrait ton visage était presque charmant, mais à quoi pensais-tu, ardente stratège ?