C'était l'aube. La lumière solaire commençait tout juste à pointer le bout de son nez, offrant des reflets orangés à roses, qui reflétaient avec grâce sur les neiges éternelles. L'horizon semblait sans fin, comblé de ce blanc immaculé qui dansait au rythme des nuages qui gambadaient dans les cieux. Il faisait froid, comme une matinée d'hiver, pourtant l'automne venait simplement d'arrivé, meurtrissant les feuilles qui devenaient cuivre sous le mordant du temps. Les arbres continuaient d'arborer quelques feuilles tenaces, mais on sentait déjà qu'ils se préparaient à un sommeil hivernal intense, prêts à laisser tout leur feuillage ternir et s'écrouler sur le sol, jour après jour. Comme l'inlassable temps qui vous prend jour après jour votre jeunesse.

Le noir qui avançait quelques minutes au début de cette aube automnale, s'était enfin trouvé un abri convenable au pied d'un chêne centenaire. Son tronc massif coupait le vent qui parfois s'élevait et se faisait plus fort, plus menaçant. Sa silhouette se découpait parfaitement dans ce paysage paradisiaque, et il appréciait le silence qui y régnait. Aujourd'hui, comme si cela jamais longtemps que ce lui était arrivé, il se sentait en paix avec lui même. Retrouvant sa foi et ses objectifs d'antan, comme si la maladie l'espace d'une journée, avait bien voulu lui offrir un instant de paix. Il soupira, calme, serein, soulagé de ce poids qui soudainement se déchargeait de ses épaules. Puis son regard d'ambre glissa sur l'aval de la colline, constatant qu'il n'était pas le seul à être passé par là. Déjà dans la neige, un autre sillon avait été créé, voilà quelques temps.

Il fut tout d'abord surpris, puis en fin de compte, croiser quelqu'un de déjà vu n'était plus si nouveau dans ce monde. Il fut simplement déçu que ce fut elle, qui avait tenté de le leurrer voilà bien des jours, le prenant pour un idiot dans une terre sacré d'un royaume peu fréquentable. Il hocha néanmoins la tête, en guise de salutation ne lui quémandant toutefois pas tant de courbette que la manière courtoise dont avait parlé Danaé. Il se prêta à croire que ce plaisir n'était qu'une simple politesse bien mal masquée. «Danaé.» Agrémenta t-il finement après sa gestuelle salutation. Ses yeux d'ambre la fixèrent tandis qu'un bref silence vint s'installer naturellement. Ses oreilles elles, pivotaient sans jamais s'accorder ; quand l'une s'intéressant à un bruissement au loin, l'autre s'égarait par devant prête à écouter le moindre son. Et quand la première convenait à rejoindre l'autre, c'était cette deuxième qui partait à l'opposé, comme si être simplement imitée la dérangeait au plus au point.

Tandis que son inconscient se bataillait sans importance, le noir conclu qu'il n'avait pas répondu à la question de la demoiselle, et que non seulement, il ne s'y attarderait pas. «C'est un plaisir de pouvoir vous parler sans leurre ni mensonge, très chère.» Souffla t-il entre reproches et réconciliation. Son museau pointa vers l'avant, en direction de la jument de l'Eau, avant qu'il ne revienne rapidement, l'encolure se courbant sous l'effet de la manœuvre. Au final un sourire en coin apparu sur son visage précédemment maussade, jouerait-elle le jeu?

Up?