■ y o u . f o u n d . m e

Il l'avait prise par surprise. D'un bond silencieux, il planta ses griffes dans la chaire de la jument. Cette dernière se cabra à demi, saisit par cette attaque nullement détectée plus tôt. S'en suivit une danse, destinée à sa propre survie. Ruant dans le vide, enchainant des sauts de mouton elle tentait de désarçonner son cavalier. Le félin finit par lâcher prise avant de se préparer à un nouvel assaut. La jument rua en sa direction lorsqu'il bondit de nouveau vers elle. Il évita agilement le coup avant de s'élancer sur sa croupe. Redoublant d'efforts elle s'élança au galop à travers les arbres. Le fauve bien agrippé sur sa proie planta ses crocs. Elle étouffa un hennissement de douleur. Les oreilles plaquées vers l'arrière elle accéléra l'allure. Elle n'allait pas se laisser avoir par un matou de son genre. Le jour où elle finira en repas pour ces bêtes n'est pas prêt d'arriver. Elle trouva un passage étroit entre les arbres, c'était le tout pour le tout. Les ronces écorchaient ses jambes, mais elle ne ralentissait pas pour autant. Balloté à l'arrière le félin se prenait les arbres au passage, et au quatrième coup il lâcha prise avant de tomber dans les ronces. La belle freina brusquement, elle voulait être certaine qu'il ne reviendrait pas. Ses yeux bleus croisèrent la lueur froide de convoitise que lui lançait le félin. Il bondit une nouvelle fois vers elle et elle décocha une dernière ruade. Le choc de ses sabots contre l'animal claqua dans l'air. Le félin retomba sur ses pattes et d'un feulement pathétique pris la fuite. Essoufflée, la jument l'observa prendra la fuite avant de se remettre de ses émotions.

Elle boitait. D'une grimace elle observait son postérieur ensanglanté et sa croupe écorchée. Il fallait qu'elle nettoie ses plaies avant que cela n'empire. Elle ne s'en faisait pas trop pour sa boiterie, elle avait déjà connu pire et avec un peu de repos, quelques cataplasmes de vases et de boues et tout ira mieux. Pour l'heure, il fallait qu'elle nettoie ça et qu'elle trouve un endroit au calme. Ni une, ni deux, elle s'était mise en route vers le refuge aux larmes de Poséidon. Une nomination très longue mais que ce lieu méritait largement. Lorsqu'elle se glissa à l'intérieur, elle ne pu s'empêcher d'admirer les cristaux, toujours aussi magnifique qui reflétaient la couleur claire et limpide de l'eau. La grotte semblait éclairée d'elle même et seul le clapotis de l'eau se faisait entendre. S'avançant doucement de sa démarche boiteuse parmi les couloirs de roches, elle finit par déboucher sur une ouverture. Le cœur même de ce lieu. Comme coupé du temps et emplit de magie, cette endroit magnifique était toujours aussi semblable que dans ses souvenirs. Elle s'avança près de l'eau et baissant l'encolure se concentra pour user de son pouvoir. Elle préférait se nettoyer les plaies ainsi, que de devoir plonger d'elle même dans l'eau pure. Une boule d'eau se mouva alors, dansant maladroitement dans l'air avant d'éclater brusquement. La jument lâcha un profond soupir. C'est bien ce qu'elle craignait, elle était bien trop épuisée après ce combat et cette longue marche. Tant pis, elle devra se reposer avant. La jument fit quelque pas, se trouva un coin des plus confortable et se coucha lourdement sur le sol. Elle savait qu'ici, on ne la trouverait pas et qu'elle pourrait être tranquille. Se trompait-elle ?

Elle ferma les yeux un moment. Elle devait calmer les battements de son cœur qui semblait encore affolé de l'attaque. Sa respiration devint plus sereine et elle lâcha un profond soupir qui titilla les plaies visibles sur son flanc gauche. Elle ne devait pas penser à la douleur et songer à se reposer. Reprendre des force était sa priorité. Elle ne sait pas si elle s'est assoupit longtemps mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, il lui semblait qu'une éternité venait de s'écouler. Depuis combien de temps n'avait-elle pas dormi ? Malgré ses journées tranquilles elle dormait rarement le soir, tourmentée par les souvenirs. Son sommeil était d'ailleurs très léger, si bien que le moindre bruit la réveillait. Elle se reposait suffisamment pour pouvoir tenir debout le lendemain, mais à vivre seule et à devoir surveiller sans cesse ses arrières, elle négligeait son temps de repos. Elle était habituée, mais son corps semblait, comme en ce moment, réclamer un temps de rémission. Elle referma doucement les yeux et sembla se laisser aller, cette course l'avait épuisée, les douleurs engourdissaient son postérieur. Sa tête tomba doucement lorsque le bruit de sabots lui parvint aux oreilles. Elle redressa vivement la tête et rouvrit les yeux. Toujours aux aguets.

Un étalon s'approcha bien vite d'elle. Elle ne prit le temps de le détailler du regard. « Laissez-moi vous aider. » Non, partez. C'est ce qu'elle aurait voulu dire. La jument avait déplié ses antérieurs, surement prête à se relever et à s'éloigner de ce bon samaritain. Elle n'avait pas besoin d'aide, elle n'avait jamais besoin d'aide. Il ne lui fallait qu'un peu de repos avant de pouvoir se soigner elle-même. Elle allait très bien, ce n'était que de petites égratignures rien de plus. Mais tout son corps semblait léthargique, incapable de répondre aux ordres. Son corps ne voulait pas bouger, elle était bien plus fatiguée qu'elle ne l'aurait imaginé. Son regard se reporta sur l'étalon qui lui venait en aide. Elle voulait lui dire de partir, de la laisser tranquille. Elle lui dirait qu'elle peut se débrouiller toute seule, qu'elle s'est toujours débrouillée toute seule. Elle n'avait besoin de personne. Lorsqu'elle le reconnu. Le Maitre de l'Eau auquel elle ne pouvait croire se tenait là. Sans doute avait-elle pensé qu'elle ne le recroiserait pas, que vivant sa petite vie à l'écart des autres ne la ferait pas affronter celui que l'on nommait Keïross. Mais elle ne se voyait pas lui faire la moindre remarque, ni l'envoyer paitre. Et elle l'imaginait fort bien lui rire au nez si elle lui déclarait n'avoir besoin d'aide de quiconque. Elle resta silencieuse, son regard se posant sur l'eau qui glissa jusqu'à elle. La fraicheur fit frémir sa peau endolorie. Elle cacha une légère grimace de douleur. « Delliah... » La jument leva son regard sur lui. Elle pouvait le voir en son entier et non pas à moitié voilé par l'obscurité. Sa robe ne semblait d'ailleurs pas aussi sombre qu'elle lui était paru. Ses crins étaient toujours aussi dorés. Elle esquissa un faible sourire. « J'ai l'impression que je ne suis plus aussi bonne qu'avant pour me cacher... Vous m'avez trouvée. »

Certes un chemin tâché de sang la menait jusqu'à elle. Il aurait être fallut vraiment stupide ou à côté de ses pompes pour ne pas la trouver. Elle n'avait pas fait attention en venant jusqu'ici, peut-être parce qu'elle ne pensait pas que quelqu'un pointerait le bout de son nez. Elle était habituée à ce que personne ne cherche à la trouver. Elle esquissa un sourire en guise de réponse à la remarque de l'étalon. L'humour était toujours présent lors de moments difficiles. Elle n'était pas du genre à se plaindre, ou à étaler toute sa douleur à la vue de tous. Elle pouvait bien plaisanter, mais elle ne pouvait masquer la fatigue et la douleur sur son regard. Elle se tu, observant l'eau agir sur ses plaies. La douleur était toujours présente mais moins lancinante. Son regard ne quittait l'eau qui s'activait. L'eau qui avait toujours été présente pour elle. Cette même eau qui la maintenait en vie et qui l'accompagnait toujours. Elle ne quitterait jamais ce Royaume, pour rien au monde elle ne voudrait le quitter. Même si la guerre éclatait, même s'ils étaient tous voués à s'éteindre, elle voudrait mourir sur ces terres. Pas seulement parce qu'elle est née ici, mais parce qu'elle appartient à ces terres. C'était sans doute stupide et difficile à comprendre, mais pour elle, c'était ces terres qui la maintenaient encore en vie.

L'eau se retira doucement, retournant dans son lit et reprenant le cours de sa vie. Ses plaies propres ne saignaient plus, la douleur s'était estompée. « Il est peut-être temps de ne plus vivre dans l'ombre. » La jument leva son regard sur le Maitre. Elle le suivit du regard alors qu'il s'éloignait quelque peu d'elle. D'une distance semblable à celle qu'ils s'étaient efforcés de gardé lors de leur première rencontre. Ne plus vivre dans l'ombre... Parlait-il d'elle, ou du peuple ? Dans les deux cas, elle ne savait si elle devait être d'accord ou non. Elle était tellement habituée à vivre à l'écart, elle appréciait cette ombre qui était accueillante et chaleureuse pour elle. Mais il est bon de changer parfois, non ? Ce n'était pas une mauvaise idée que de quitter son cocon, que de finir sa route auprès du peuple. Mais pourquoi ne pourrait-elle pas continuer à les aider de loin, comme elle l'avait toujours fait. Un seul appel et elle accourait. Elle était prête à tout pour aider les autres, mais était-elle prête à perdre ses habitude ? Sa vie de solitaire ? « Le Royaume ne saurait accueillir de nouveaux défunts, vous en conviendrez je crois. » Certes. Elle le quitta du regard. Ses yeux de la même couleur que les cristaux se perdant sur l'eau limpide qui ne cessait d'affluer paisiblement. Vivre avec le peuple, revivre avec une grande famille. En serait-elle seulement capable ? Cela faisait tellement mal de perdre des gens si proches de soi, savoir qu'un jour cette douleur reviendrait était insupportable. Était-ce pour cela qu'inconsciemment, elle avait continué à vivre seule et dans l'ombre ? Pour ne pas s'attacher de trop aux autres, pour ne pas revivre une grande perte. Mais l'important dans tout ça, c'était le Royaume, pas elle. « Je ne mourrais pas sans m'être battue pour le Royaume » Finit-elle par dire d'une voix sûre d'elle. Je ne partirais pas d'ici sans avoir pu aider les miens.

« Maintenant faites-moi plaisir, reposez-vous. » Son regard quitta l'eau claire, elle replia ses antérieur convenablement et laissa échapper un soupir silencieux. Elle ne devrait pas se reposer, elle ne devrait pas se montrer faible. Elle se rappelait toujours de toutes les moqueries que les autres enfants lui lançaient de part la couleur de ses yeux et de son mode de vie. Elle avait promit à son père, que jamais plus elle ne les laisserait dire et qu'elle leur prouverait qu'elle était comme eux. Non mieux encore, qu'elle était meilleure et plus forte qu'eux. Se montrer en une telle position de faiblesse était détestable. Mais elle était épuisée. Elle était fatiguée. Tellement fatiguée. « Merci » Souffla-t-elle avant de fermer les yeux et de se laisser happer par l'éreintement. Non pas de cette journée et de ce combat, mais de toute sa vie jusqu'ici.

Elle n'aurait su vous dire combien de temps s'écoula exactement. Quelques minutes ou plusieurs heures ? Elle savait simplement que ses membres étaient engourdis sous elle et qu'elle se sentait reposée. C'était une curieuse sensation, remplie de nostalgie, de souvenirs. Elle se souvient du temps où elle dormait autant, jusqu'à être pleinement reposée. Elle était encore pouliche et souvent se reposait à l'ombre des arbres ou tout contre sa mère. C'est un temps désormais bien loin. La jument ouvrit ses yeux clairs, et battit des paupières plusieurs fois avant d'avoir une vision des plus claire. Elle parcourra du regard la grotte avant de voir le Maitre du Royaume. Toujours présent et visiblement perdu dans ses pensées. Il était resté, ici, tout ce temps. Même si elle ne l'avouera surement jamais, elle était quelque part contente qu'il soit resté ici. Même si ce contentement n'était pas et ne sera jamais visible chez elle, elle ne pu réprimer un léger sourire qui se dissipa aussi vite qu'il apparu.

Elle glissa ses antérieurs endoloris devant elle, ses postérieurs sous elle, et d'une poussée ultime elle se releva sans faire un bruit. La douleur était moins présente sur son flanc, elle observa ses blessures un moment, ses naseaux frôlant les plaies. Cela prendra quelques jours avant que ça ne cicatrise pleinement. Ce n'était pas sa première blessure, elle allait s'en remettre vite. Des fourmis dans les jambes, la belle s'étira les membres un a un avant de doucement s'avancer vers la source d'eau. Son encolure s'abaissa doucement avant qu'elle ne trempe ses lèvres dans l'eau limpide et qu'elle s'abreuve alors afin de se réveiller pleinement, avec la fraicheur du liquide. Se redressant elle fit quelques pas vers l'entier, s'arrêtant à une distance qu'elle jugeait plus que convenable. Elle se risqua à briser le silence et du même fait, les pensées de Keïross. « Merci, d'avoir veillé à mes côtés » D'une voix suffisamment douce afin de ne pas le surprendre. Des gouttes d'eau perlaient encore sur son menton. Le regard de la jument quitta l'étalon pour observer les parois de la grotte.

Les paroies de la grotte étaient couvertes d'une roche sombre, parsemée de cristaux de couleur clair reflétant les lueur de l'eau. La vie semblait présente à l'intérieur desdits cristaux, les reflets de l'eau miroitant dans une danse apaisante. Les yeux clairs de la jument étaient d'une couleur pareille à celle des cristaux. Elle observait cette vie qui parcourait la roche, on y ressentait une certaine familiarité, les lieux semblaient rempli de souvenirs bons comme mauvais. Lorsque l'étalon pris enfin la parole, la jument quitta les murs du regard afin de le poser sur l'entier. Elle ne fit aucune remarque quant à ses derniers mots. Il est vrai qu'il n'était pas le "héros" qu'elle espérait, mais les héros ne ressemblent jamais à nos espérances. Et la belle en avait conscience.

Il semblait replonger dans ses songes, observant la grotte comme s'il pouvait y lire un message, voir une histoire. Peut-être avait-t-il des souvenirs rattachés à ces lieux, ce qui expliquerait ce regard particulier qu'il possèdait en observant les paroies. Delliah le quitta du regard afin d'observer la grotte et de tenter à son tour de déchiffrer des souvenirs. Il fini par reprendre la parole, la sortant de ses pensées. Elle posa son regard sur lui avant de tourner l'encolure vers sa croupe. La douleur se faisait presque plus sentir. Elle savait qu'elle allait le ressentir le lendemain, mais la douleur sera bien plus supportable qu'à son arrivée dansla grotte. « Non, je vais mieux... Grace à vous. » La jument reposa son regard sur lui avant d'esquisser un sourire. Elle observa vaguement autour d'eux. « Je ferais mieux de vous laisser à vos songes et de reprendre ma route afin de trouver de quoi reprendre des forces » Delliah fit un pas, puis deux en arrière avant de pivoter doucement et d'emboiter le pas en boitant légèrement.

Fuir... À ce mot, la jument s'arrêta. Pourquoi tout ses agissements, ses paroles, sa façon de vivre n'étaient résumés que par ce mot. Pourquoi tant de monde avait toujours pensé qu'elle et sa famille fuyaient. Pourquoi n'y voyait-on que de la fuite, de la peur, de la dérobade. Elle laissa son regard vagabonder vaguement devant elle, ne lui donnant pas le plaisir de rétorquer franchement et froidement du tac au tac. La belle ne pu empêcher ses oreilles de montrer son humeur, ces dernières se couchant vers l'arrière, montrant clairement son amertume. Comment pouvait-il penser qu'elle prenait la fuite, alors qu'elle ne faisait que vivre sa vie comme elle l'avait toujours vécue. "Il est peut-être temps de ne plus vivre dans l'ombre." Les paroles de l'entier lui revenaient par vagues, ses naseaux frémissant d'une colère nouvelle. C'était un choix, son choix que de vivre ainsi. Loin des autres, loin des querelles futiles, des préjugés et des hypocrites. Elle s'était promise de se lier aux siens en cas de danger, de n'être présente que si son aide était requise. Elle était prête à se battre pour les autres, même pour ceux qui lui ont fait du mal par le passé. Même si elle vivait dans l'ombre, elle était toujours prête à donner sa vie pour une créature de l'eau. Comment pouvait-on parler de fuite ?! En quoi ça le dérange autant qu'elle vive de la sorte, lui qui ne vivait que pour sa vengeance...

Elle le savait. Que tout ce dont elle désirait pouvait se trouver en ces lieux. Qu'elle n'avait qu'à prendre une galerie, tourner deux fois à gauche et trouver un coin rempli de végétation. Mais ce qu'elle désirait réellement c'était s'éloigner, retourner dans son ombre comme il le disait si bien. S'éclipser du regard des autres. Elle ne désirait pas rester en sa compagnie et le voir donner tout ses efforts pour qu'elle soit en sécurité. Elle n'avait pas besoin de lui et elle le savait. Pas parce qu'il ne représentait pas le Maitre qu'elle attendait, mais tout simplement parce qu'elle n'avait pas besoin d'aide. C'était une erreur que de l'avoir laissé l'aider à a soigner et à veiller à ses côtés. Elle n'aurait jamais du se reposer ici, elle aurait pu partir, retourner s’engouffrer dans la vase si familière du marais. Delliah s'était toujours promise de se débrouiller seule, de ne jamais plus dépendre de quiconque. « Comment pouvez vous penser que je passe ma vie à fuir et à me cacher... » Murmura-t-elle. D'un ronflement de naseaux elle fit face au Maitre du Royaume avant de s'avancer de quelques pas vers lui. S'arrêtant bien vite, reprenant cette distance si agréable. « Pourquoi voulez-vous tant que je change ma façon d'être, que je vive parmi un troupeau désunis et dirigé par un Maitre qui ne pense qu'à se venger !? Laissez-moi vivre comme bon me semble et cessez de penser que je me terre dans mon trou, afin d'échapper à toute cette réalité ! » L'eau semblait s'agiter sur le sol, comme si elle se mettait à bouillir, tressaillant vivement sur la roche. Le regard glacial de la jument ne quittait pas l'entier. « Que voulez-vous ? Que je vous remercie jusqu'à ce que vous soyez satisfait ? Vous m'avez aidée et quand bien même j'aurais préféré m'en sortir seule, je vous en suis reconnaissante. Mais ne pensez pas que cela affectera mon jugement quant à votre statut. Vous l'avez dit vous-même... Vous n'êtes par le Maitre dont je rêve... Pourquoi perdrais-je mon temps avec vous, alors que quoique je dise, quoique je fasse, vous nous mènerez à notre perte à cause de votre vengeance. » L'eau se calma et reprit son cour habituel. La jument laissa échapper un léger soupir qui souleva ses flancs. « Ce que je cherche ne se trouve pas ici... » Finit-elle par dire d'un ton plus apaisé. Retenez-moi, s'il vous plait. Elle lui lança un dernier regard avant de lui tourner le dos et de reprendre sa route. Ses pas résonnants doucement contre la roche.

Il n'avait rien rétorqué à tout ce qu'elle avait pu lui dire. Elle n'avait pas loupé son regard aussi froid que le sien lorsqu'elle parla de lui, de son désir de vengeance et du royaume. Mais il n'y avait pas de quoi s'en étonner, il savait ce qu'elle pensait de lui et que son avis ne changerait pas tant qu'il ne lui prouverait pas le contraire. Elle s'éloignait de nouveau de lui, boitant doucement, la douleur de ses blessures se faisant légèrement ressentir. Sa question résonna jusqu'à elle. La jument s'arrêta, le bruit de ses pas continuant encore à se faire entendre dans l'echo des galeries. Ce qu'elle cherchait... Il y avait tellement de choses qu'elle cherchait, qu'elle désirait. Des choses futiles, grandes, petites, importantes... Il était difficile de dire avec exactitude ce qu'elle souhaitait. Peut-être même que si les deux protagonistes se connaissaient mieux et plus, aurait-t-elle pu trouver d'avantage. Elle tourna son encolure sur la droite et posa son regard sur le silver. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Elle se tourna sur le coté, sans pour autant lui faire face. «L'espoir, le changement, l'aventure, la confiance... » Elle observa la roche autour d'elle, quelque peu songeuse, le sourire toujours présent sur ses lèvres. Son regard se reposa sur Keïross. « Tellement de choses à vrai dire. »

Delliah n'avait pas d'aspiration quelconque, de but réel à accomplir. Mis à part aider les siens lorsqu'ils en avaient besoin. Plus de famille, pas de désir réel d'en fonder une, pas de proches à soutenir ou à cotoyer. Elle vivait au jour le jour et faisait avec les surprises de mère nature. Mais elle savait que ce n'était pas lui qu'elle cherchait, pas aujourd'hui en tout cas. Peut-être qu'un jour elle le cherchera, qu'elle aura besoin de lui. « Il n'y a rien ici... Sauf si vous avez quoique ce soit à m'offrir. Hormis votre aide bien sûr. » Dit-elle d'un ton des plus neutre.