Du sable. Rien que du sable. Shams s'était postée à l'entrée du désert et observait silencieusement l'étendue couleur or qui semblait interminable. Elle s'y engagea, quittant l'herbe sèche pour poser se sabots sur le tapis moelleux qu'offrait le désert. Elle s'y sentit bien tout de suite. Ayant choisi le coucher de soleil pour s'y rendre, elle s'en félicita. De journée, le soleil tapant sur les milliers d'écailles jaunies, la chaleur devait être étouffante, à la limite du supportable. Tandis que là, le vent soufflait délicatement, se faufilant entre ses crins, apportant un peu de fraîcheur à la pesante atmosphère du désert. L'astre royal en était à la moitié de son chemin, ses rayons étaient pratiquement éteint et apportaient une magnifique couleur orangée au sable. L’ambiance était mémorable. Il ne faisait pas chaud. Il ne faisait pas froid. Tout semblait parfait. la jument buta net contre un galet, plutôt large. Elle grimaça, la douleur remontant le long de son articulation. Elle ferma les yeux et se força à continuer sa route, ne voulant pas gâcher un si beau moment. Elle aurait aimé avoir quelqu'un avec qui partager de si beaux instants mais malheureusement, fraîchement débarquée dans la troupe des Feux, elle n'avait pas beaucoup d'amis, et inutile de préciser qu'elle ne connaissait pratiquement personne. Elle agita nerveusement la tête, il était temps d'aller à la rencontre des gens si elle ne voulait pas passer pour l'associable de première.

Justement, alors qu'elle s'était positionnée sur une colline de sable, elle remarqua une ombre équine, juste en face d'elle. La distance entre les deux êtres était bien trop large pour qu'elle puisse dire si c'était un étalon ou une jument et de quelle robe était-il. Mais après, tout, elle s'en foutait, ce qu'elle voulait, c'était avoir de la compagnie. Délicatement, elle entama la descente de la colline. Le poitrail tombant vers l'avant, forçant sur l'arrière main, elle y parvint sans encombres et rejoint la silhouette au petit trot. Plantée devant celle-ci, elle se sentit plus bête que jamais. La jument qui se tenait là était la maîtresse du feu, la sienne donc, et dormait à poings fermés.Shams resta estomaquée à regarder le thorax de la jument se soulever régulièrement. Délicatement, elle posa ses naseaux sur le garrot de la belle arabe noire et y souffla quelques mots.

« Excusez moi .... »

Les naseaux à quelques centimètres du garrot de la femelle couchée, Shams sursauta lorsque la femelle au sang arabe se releva soudainement, d'un seul coup. Elle se campa sur ses quatre pattes et planta son regard dans celui de la jeune brune. La femelle typé arabe sembla rassurée une fois qu'elle aperçut la flamme qui brûlait autour des pupilles de la jeune Shams. La Maître du feu

« C'est plutôt a moi de m'excuser .. euh mais au faite qui es tu ? »

La jolie arabe noire courba l'échine, s'inclinant pour saluer la jument à la liste. Shams esquissa un sourire amical, et aussitôt se sentit beaucoup mieux. Avec cette jument, elle ne se sentait pas en danger, et toutes deux n'étaient pas du genre à se mesurer l'une à l'autre. La belle jument au chanfrein peint en blanc secoua sa tête/ Elle refusa les excuses de la jument arabe, ce n'était pas à elle de s'en vouloir, au contraire. C'est Shams qui l'avait réveillée, pour un rien de plus.

« Je m'appelle Shams, je viens d'arriver .... Inutile de vous demander qui vous êtes, je vous connais déjà. »

Elle lâcha un sourire ravi avant de faire quelques pas de côtés, en effet, le soleil se couchant, il lui envoyait un reflet abominable, l'empêchant de garder ses orbes ouverts. Elle laissa son toupet recouvrir ses paupières avant de jeter un coup d'oeil à son interlocutrice. Elle attendit la réponse avec impatience, ça lui faisait plaisir de pouvoir discuter avec une jument, qui m'avait tout l'air d'être sympathique.

La magnifique jument arabe lui lança un regard curieux quand Shams lui apprit qu'elle connaissait déjà son nom. La noiraude n'avait fait que se renseigner face à l'immensité des pouvoirs de l'arabe. Et cela lui paraissait naturel. Alors qu'elle allait parler pour lui expliquer, Nivacrin s'éloigna à petits pas. Shams resta planté là, à la regarder s'éloigner. Elle ne savait que faire, avancer, rester là. Elle doutait d'être invitée à la suivre, mais le fit quand même. L'arabe se tourna gentiment vers elle, et la questionna poliment.

« Alors Shams, que fais tu dans le désert ? »

Ce qu'elle faisait ? En vérité, elle n'en savait rien elle même. Ici, elle venait se regorger de soleil, s'empiffrer de kilomètres plein pot, et se rassasier de chaleur, voilà tout. Inutile d'expliquer cela à la Maître du Feu, qui saurait bien évidemment, trouver cela étrangement bizarre. Shams secoua la tête, calquant ses pas sur ceux de la noire. Leurs deux robes étaient pratiquement identiques, à l'exception des reflets cuivrés de la robe de la plus jeune.

« Je ne sais pas, je venais découvrir les terres. Et j'ai toujours aimé les déserts ... » Murmura-t-elle, pensive. Les yeux fixés sur l'horizon, elle s'autorisa quelques secondes de silence avant de reprendre. « Et vous ? Une balade en solitaire ? »

La belle jument arabe ferma les yeux un millième de secondes et devant elles deux, se formèrent deux juments de sable. La sculpture était sublime, bien détaillée, et les représentait parfaitement. Shams observa la matière finement aiguisée, les yeux, les naseaux, tout étaient reconstruits à la perfection, et on voyait même une liste sur l'une des deux juments, la noiraude décida donc d'en faire son double. Elle esquissa un sourire, et leva ses deux magnifiques prunelles noisettes vers son "amie". Celle-ci lui expliqua la raison de sa sortie. C'était un petit peu comme la rouquine. Elle voulait s'isoler, en solitaire.

« C'est magnifique ! »

Murmura Shams en désignant la statue de sable. Elle regarda, admirative, la jument de feu.