Elle venait du ciel ; (Break & Danaé) [FINI]

La nuit tombait lentement sur la forêt aux milles lucioles. Le vent soufflait gaiement et les nuages rendaient le ciel encore plus noirs. Le tonnerre grondait quelques fois, annonçant un orage. L'air était plutôt lourd. On pouvait sentir l'odeur de la pluie, humide, fraîche et agréable, aux naseaux du doré. Break marchait en prenant son temps, se promenant dans les bois. Il venait voir les lucioles, des êtres qui ressemblaient un peu à lui. Un peu aux siens.

Un éclair fendit le ciel en deux, s'abattant à quelques mètres de l'étalon palomino. Tout de suite après, il ressentit une multitude de picotements dans sa chair, lui fournissant alors la sensation euphorique d'une puissance inégalable. Il ferma les yeux, un sourire de contentement, apaisé, étirant ses lèvres. L'entier ralentit son allure, la chaleur que dégageait à présent son corps réchauffait l'air ambiant.
La pluie se mit à tomber, mouillant peu à peu sa robe, l'assombrissant. En regardant son corps, d'un air pensif, Break trouva qu'il ressemblait étrangement à Keïross maintenant. Il secoua sa crinière trempée, envoyant mille et une gouttes d'eau en tout sens, avant de reprendre sa marche silencieuse.

Après quelques minutes de calme, l'orage débuta vraiment, imprégnant l'espace de sa rage explosive. Il tonna et zébra le ciel de ses flashs déstructurés. Break s'arrêta au centre d'une petite clairière. Il n'y voyait pas grand chose maintenant. Le vent soufflait fort et la pluie s'abattait sur lui avec puissance. S'ébrouant, trempé jusqu'aux os, Break se leva, s'appuyant sur ses postérieurs. Il battit l'air de ses sabots imposants, comme s'il voulait repousser l'orage, faire taire la pluie. Comme s'il en avait le pouvoir.
Un éclair vint fendre l'air juste au dessus de sa tête. Le feu jaillit d'une branche morte, et un filet de flammes se dirigea vers le palomino, qui reposa ses sabots sur le sol boueux. Il se mit alors à piaffer, à faire quelques pas de côté, dansant avec le feu. Dansant avec ce qu'il était, son origine, sa nature.
Jamais il n'aurait imaginé qu'une furtive créature féminine se trouverait près de lui.

Afin d'éviter toute confusion, je précise que la première partie de ce post est un rêve ^-^ Danaé était en train de dormir, souviens-toi ^o^ !

Noir.

De longs crins semblent masquer son visage.

Noir.

Une goutte tombe sur sa robe rouanne. Danaé la fixe, puis détourne le regard. Quelque chose de plus intéressant se trouve dans ... dans quoi d'ailleurs ? On dirait un arbre sans feuille. Et même un arbre mort. Il y a un trou de bonne taille dans son tronc. On pourrait presque y passer la tête. D'ailleurs, la curiosité la pique au vif : elle avance, sans même s'apercevoir que le pluie commence à tomber. Son élément n'a plus d'importance, le trou béant est bien plus intéressant. Il en émane quelque chose de ... spécial. Il semble vivant. Quelque chose de vivant dans quelque chose de mort. Elle y passe les naseaux. Puis la tête entière. Le trou semble avoir grossi maintenant qu'elle s'en est approchée, puisqu'à présent, elle y loge même les oreilles. Le trou semble sans fond. Et pourtant, au loin, elle distingue quelque chose. Une forme équine. De longs crins semblent masquer son visage. De longs crins ... roux. Roux très vifs même, et tirant un peu sur le rouge. Impossible. Elle ne connaissait personne qui en avait de pareil. Et n'en connaîtrait jamais. C'était défier les lois de la génétique. Elle hallucinait. Ou bien l'équidé était ...
Quelque chose lui brûle la gorge. La dévore de l'intérieur. Elle veut hennir, appeler à l'aide, mais aucun son ne sort de sa bouche. L'équidé tourne la tête vers elle, et la fixe, impassible. Soudain, le trou se décompose. En une multitude de gouttes noires. L'une d'elle tombe sur sa croupe, et la brûle. La dévore. Comme de l'acide.
Quelque chose de vivant dans quelque chose de mort.

Un trou vivant dans un arbre mort.

Une jument vivante dans un trou mort.

L'hennissement déchirant qu'elle poussa la sortit de son sommeil. A quelques centimètres de sa gorge couchée contre le sol, une flamme naissante se nourrissait d'une feuille morte. Elle se leva brusquement. Tout autour d'elle n'était que flamme et fumée. La peur l'envahit au fur et à mesure que la fumée emplissait ses naseaux, brûlant sa gorge et altérant ses sens. À partir de la pluie, elle construisit une bulle d'eau autour d'elle, éteignant les flammes les plus proches.
Tout ceci devait surement être causé par l'orage. Ou bien ... par l'étrange équidé dansant au milieu des flammes. Quelqu'un du Royaume du Feu pour ne pas craindre les flammes. Soudain, le doute assaillit Danaé. Lui. Lui qui contrôlait le feu. Oh oui, c'était lui le responsable ! Il avait profité d'une météo favorable à son élément pour en jouer. SON feu, c'était SON feu qui avait brûlé et qui brûlait toujours la gorge de la rouanne. C'était SON feu qui avait tué le trou. Qui avait emprisonné Danaé à l'intérieur du tronc pendant quelques instants. Et c'était encore SON feu qui l'avait empêché de découvrir l'identité de l'équidé de son rêve. Un équidé qui se faisait récurrent pendant plusieurs de ses nuits. A chaque fois, elle était à deux doigts, oui, à deux doigts de lui parler ! L'inconnu contrôlant le feu avait tout gâché ... Il avait voulu la tuer et tuer l'équidé aux crins roux avec elle. Elle n'aurait pas put supporter cela. La mort de l'équidé aux crins roux aurait des conséquences ... inimaginables. Et sa propre mort l'attristait un peu aussi. Quand même.

Elle sortit des buissons, toujours enveloppé de sa bulle d'eau, et fit face à l'inconnu contrôlant le feu.

- Tu vas mourir, dit-elle simplement. Elle aurait même voulut rajouter une petite insulte. Mais ça aurait été trop long.

Elle serra les dents, tendit ses muscles, et sa bulle d'eau cessa de la protéger pour foncer sur l'inconnu en une infinité de petites gouttes qu'elle porta à ébullition. En tant que membre du Royaume de l'Eau, elle s'était aperçue qu'elle pouvait aussi changer l'état de son élément. Solide, liquide, gaz. Et avec du travail, elle avait réussit à rendre ce changement plus subtil, et, au lieu de ne faire que changer son état, elle pouvait monter la température jusqu'au cap maximum, avant que l'eau ne se transforme en gaz. Là, elle fricotait avec les 95°. Si tout se passait bien, l'eau serait brûlante quand elle toucherait l'inconnu. Trop chaude pour être supportée, pas assez pour qu'elle s'évapore avant l'impact.

J'ai fais exprès de choisir quelque chose que tu puisses éviter. Je ne t'en dis pas plus, mais réfléchit, et tu verras qu'il est tout à fait possible à ton personnage de faire échouer l'attaque de Danaé ... ^-^

Et tandis qu'il dansait et dansait dans les flammes, avec son feu, un peu de lui-même ici, et tandis que la pluie s'acharnait sur la terre, la rendant boueuse et glissante, et tandis que l'orage grondait encore tout là haut, et que les nuages, sombres nuages, s'entassaient tous ensemble en un même point, il lui semblait que le temps s'était arrêté pendant un instant. Juste un instant.

Ses crins blancs, tous trempés, envoyer valser des gouttes de pluie. Sa robe, devenue sombre et luisante, brillait légèrement, quand un éclair fendait le ciel, et éclairait la clairière, comme un flash, un flash du passé. Pour lui rappeler qu'on ne vit que dans le présent. Pour lui rappeler, que le temps ne s'arrêtait pas lui, et que la vie continuait, même si l'on voulait tout lâcher et s'arrêter, pour souffler. La vie ne nous attendait pas, elle, et elle nous trainait sur le sol, quitte à nous prendre par la peau des fesses. Et même si l'on finissait par se trainer par terre, parce qu'on n'arrivait pas à se relever, on avançait toujours. Parce que la vie, elle, elle ne s'arrêtait pas. On ne peut vivre que le présent.

Un éclair encore, la lumière, une ombre, une silhouette. Qui est-ce ? Il n'eut pas le temps de bien voir. Il n'eut pas vraiment le temps de réagir. De faire grand chose, d'ailleurs. Il manquait de temps, encore. On manque toujours de temps.
Break eut juste le temps de se dresser sur ses postérieurs, alors que le ciel se fendait de nouveau. La température de son corps monta encore de quelques degrés. Et ce fut suffisant. Un froncement de sourcils, un visage qui se durcit, et se fut suffisant. Il eut le temps, juste le temps, mais il eut le temps quand même, de jeter sur cette multitude de gouttelettes mortelles un mur de flammes sorti, semblerait-il de son poitrail. Mais il n'en était rien. Il avait juste usé des flammes déjà présentes, et de la température hautement élevée de son corps. L'eau de pluie et l'attaque de la silhouette se transformèrent en un nuage de fumée blanche. Il eut juste le temps, de sauver sa peau.

Break reposa ses sabots sur le sol et piaffa nerveusement, furieusement, le sol glissant et boueux. Il porta son regard sur la jument tachetée qui apparaissait petit à petit entre le nuage de brume.

- Que me veux-tu ?!

Sa voix gronda aussi fort que l'orage. Il s'immobilisa, et les flammes formèrent un cercle tout autour de lui, se mêlant à ses crins et à son corps, alors que son regard flambait lui aussi, rivé sur l'inconnue.

Quelque chose de ... surprenant vint contrecarrer les plans Danaé. L'espace d'un instant, elle avait oublié que son adversaire venait du Royaume du Feu, et pouvait donc lui hausser modifier quelque peu la température. Seulement à la hausse, certes, mais ça avait été suffisant pour cette attaque-ci. Un mur de feu avait comme surgi de son poitrail pour fourni les cinq petits degrés nécessaires en plus aux gouttes de pluie pour qu'elle deviennent vapeur.

L'étalon doré revint au sol et piaffa. Il lui lança :

- Que me veux-tu ?!

Des flammes apparurent, et formèrent un cercle protecteur autour de lui. Certaines se mêlaient à ses crins, lui donnant une formidable allure emplie de puissance.

Danaé le regarda d'un air de défi, et répondit :

- Je veux que le diable se délecte de ton corps en commençant par ta merveilleuse petite croupe musclée.

D'une certaine manière, elle l'avait aussi complimenté. C'est vrai qu'il était foutrement bien foutu cet étalon-là. Une robe agréable à regarder, un corps d'athlète, et qui venait du Royaume du Feu pour couronner le tout. De quoi faire monter la température ... ! (<= Quel fantastique jeu de mot xD !)

- Je n'aime pas trop la façon dont tu m'as fait sortir de mes songes ... Tu voulais mettre fin à ma vie et maintenant, c'est à mon tour de souhaiter ta mort. Quelle ironie !

Elle ronfla des naseaux. Il avait anéanti sa première attaque, il fallait être plus inventive maintenant !
Elle se concentra plus encore, et capta toutes les gouttes d'eau de pluie pour les rassembler en une masse informe de la taille d'un ours. Elle ouvrit la bouche, et murmura des ordres inaudibles, et même inutiles puisque la seule pensée suffisait d'habitude à contrôler les éléments. Mais là, elle sentait que ça lui donnait plus de force encore.

La Chose se métamorphosa peu à peu. La forme de ce qui semblait être un corps devint plus petite et l'eau qui devenait utilisée devint ... autre chose ... Comme une sorte de tentacule. Voilà où on en était. Danaé avait créé une sorte de sphère d'eau munie d'une tentacule difforme. Puis deux. Et la rouanne les affina un peu. Que ça ressemble un minimum à quelque chose tout de même. Elle fit avancer la Chose vers l'étalon doré et les deux tentacules d'eau s'enroulèrent autour des antérieurs de l'étalon avant de geler pour le maintenir en place. Bien sur, il pouvait, comme la première fois, faire échouer son attaque grâce au feu, mais il mettrai un peu plus de temps cette fois-là, et ça laisserait le temps à Danaé de trouver un autre stratagème pour en finir ... définitivement avec cet inconnu si sexy.

Break renâcla en entendant les premières paroles de la jument. Il pensa tout de suite qu'elle devait avoir un sacré caractère, pour s'énerver aussi facilement, et aussi fortement. Ce n'était pas pour rien que c'était une jument ... Mais en plus, elle avait le sens de l'humour. En temps normal, il aurait sourit et lui aurait envoyé un compliment lui aussi, mais il trouvait que dans cette situation, c'était un peu déplacé. Et pourtant, l'inconnue ne s'était pas gênée.

Il écarquilla les yeux, quand elle lui dit qu'il avait voulu mettre fin à sa vie. Jamais il n'aurait voulu ce genre de choses ! D'accord, il avait mis le feu sur une branche à côté d'elle, alors qu'elle dormait. Mais il ne savait pas qu'elle se trouvait en ce lieu. Il se pensait seul, juste seul, avec son feu. Seul à danser sous la pluie, dans la brume, à danser avec les flammes qui étaient siennes. Il se pensait seul. Et pourtant, en cet endroit, il ne l'était pas.

- Mais je n'ai ...

Il n'eut pas le plaisir de continuer. La sauvageonne avait déjà refermé les yeux et se concentrait pour former un espèce de grosse boule d'eau. Mais ça ne s'arrêta pas là ! La boule se vit munir de deux tentacules lisses et dangereuses, fouettant l'air et la pluie, monstre géant et horrible dans l'orage qui fendait l'espace et le ciel, encore, juste devant Break qui était tout simplement fasciné. Être de l'eau, toi qui manie la vie et vit sous la pluie, être de l'eau, toi qui donne la source d'un besoin vital, toi qui anime les jours d'orage et fait tomber la neige quand bon te chante. Pendant un instant, il ne put qu'admirer l'art de la maîtrise de l'eau dont faisait preuve cette jument. Pendant un instant, seulement, il ne put que perdre son regard dans la sphère liquide et roulante, lisse. Il ne put que perdre son esprit dans l'antre bleue de Danaé, alors qu'elle le faisait prisonnier, pour mieux le fasciner encore.
Le froid lui mordit la chair, et un long frisson le parcourut, alors que les tentacules, enroulées autour de ses antérieurs, gelaient, pour le tenir immobile.

Break releva les yeux vers la silhouette, qui se tenait en face de lui. Il détailla son visage, fin et concentré, son regard empli d'un désir de vivre, si fort, si puissant. Il plongea ses prunelles de feu dans celles de la belle amazone et oublia dans quelle situation il se trouvait. Le ciel décida de le lui rappeler. Un éclair éclaira la noirceur profonde des nuages.

L'étalon concentra alors toute son énergie sur lui même, sur son corps et sur les flammes qui brûlaient à l'intérieur de son esprit, de son cœur, de sa chair, de son âme. Sa crinière commença lentement à s'embraser, crépitant dans la pluie. Il courba son encolure, ses naseaux se dilatant, sous l'effort qu'il devait procurer. Son souffle devint puissant, et long. Après quelques secondes, Break releva la tête, captant de nouveau le regard de l'inconnue.
Tout de feu maintenant, son regard luisait et embrasait son être. Un halo lumineux l'entourait et une chaleur suffocante se faisait ressentir, même sous la pluie. Pour sûr, qu'il serait fatigué après avoir usé de ce pouvoir.

La glace n'avait pas tenu face à tant d'énergie et de chaleur. Il avança alors, d'un pas lent, vers la jument rouanne, silencieux, d'un pas sûr pourtant.

Les méninges de Danaé fonctionnaient à toute vitesse. La première fois, l'inconnu l'avait plutôt impressionnée lorsque des flammes étaient sorties de son poitrail pour le sauver … in extremis … Mais là, elle fut complètement abasourdie quand elle s'aperçut qu'il se libera plus vite que prévu … en se métamorphosant en créature de Feu.
Un Maître.

La rouanne transpirait à grosses gouttes. De chaleur ou de doute ? En même temps, il y avait de quoi … L'équidé qu'elle avait en face d'elle était l'élément contraire au sien, et il en était Maître. De plus, le fait qu'il n'attaque pas et ne fasse que se défendre l'intriguait beaucoup. S'il avait voulu l'éliminer quelques minutes auparavant, pourquoi ne continuait-il pas sa tâche ? Peut-être était-ce … une erreur ? Au fur et à mesure que le doute la rongeait, la rage devenait moins forte.

Et le voilà qui avançait vers elle maintenant. Une stratégie visant à la déstabiliser ? Elle l'était déjà assez … Elle grinça des dents. Il fallait tenter le tout pour le tout …

La créature difforme qu'elle avait créée auparavant ne l'intéressait plus. Elle stoppa son emprise sur l'eau la constituant, et la boule aux tentacules (qui n'existaient plus d'ailleurs =P) perdit sa forme et tomba contre le sol en s'éparpillant sur la terre humide. De la flaque qui en restait, Danaé créa … autre chose. Un corps. Deux jambes, puis quatre. Un cou de bonne taille et une queue serpentant derrière ce qui ressemblait à une croupe. La rouanne s'était concentrée comme jamais et avait créé un double d'elle-même entièrement constitué d'eau.

Puis quelque chose changea. La jument plissa les yeux. Elle n'avait rien demandé. Et pourtant, la chose avait changé. Elle ne ressemblait plus à sa créatrice. Non, maintenant, la Chose était plus fine, plus élancée, ses crins s'allongeaient et son poitrail s'élargissait. Ses membres semblaient plus fort, et ses oreilles plus expressives. Tout allait bien trop vite ! Danaé était dépassée par les événements, ne contrôlait plus rien. Il lui sembla entendre un bruit étrange. Boum boum, boum boum.

Un cœur qui bat.

Oh shit … La rouanne décida de tout lâcher. Mais ça ne fonctionnait pas. Elle ordonna à la créature de redevenir pluie, mais rien ne se passait. Et ses forces se vidaient plus vite qu'un tonneau sans fond. Alors que le semblant de cœur de la créature semblait se porter à merveille, il lui semblait que le sien allait lâcher. Quelque chose attira une dernière fois son attention : les crins voletant au gré du vent de la créature d'eau qu'elle avait créé.

Ils étaient roux.

Ses yeux se révulsèrent, et elle s'affaissa contre le sol, épuisée. La dernière chose qu'elle aperçut fut une étrange queue rousse qui se balançait doucement.

La Chose sentit son heure arriver. Bien qu'ayant un peu d'autonomie, elle ne pouvait pas tenir beaucoup plus de quelques secondes si sa créatrice perdait conscience. Elle fixa Break de son regard si curieusement expressif. Un regard plein de sollicitude. Elle designa Danaé de la tête et, dans un effort intense, elle ouvrit la bouche et dit :

- AI-DER

Ce seul mot avait réduit ses forces de moitié. Elle se retourna et marcha vers sa créatrice qui gisait au sol. Alors que chaque pas lui arrachait un cri de douleur silencieux, elle continuait sa route vers Danaé, pendant que son corps "fondait". Des gouttes tombaient de ses flancs, de ses crins, et les détails disparaissaient petit à petit. Ses formes étaient grossières, et on ne pouvait plus distinguer ni yeux, ni bouche, ni quoi que ce soit de précis. Quand son sabot d'eau toucha la rouanne, elle s'affaissa complètement, et ce qu'elle avait été quelques secondes auparavant n'était maintenant qu'une petite flaque à coté de sa créatrice.

La Chose espérait que son message serait passé. Danaé devait laisser de coté ses ressentiments et sa fierté, afin de préserver la paix, d'abord, et de préserver deux vies, ensuite. Deux vies importantes. L'une d'elle était un Maître d'un Royaume puissant et surement destiné à accomplir de grandes choses et la seconde … son seule moyen de vivre pour le moment. De toute façon, elle avait arraché à la rouanne la plupart de ses forces lorsqu'elle avait prit la place de la créature d'eau, ce serait de la folie de recommencer le combat, et même Danaé savait se faire raisonnable.

Le reste ne dépendait plus que de Break et de Danaé. L'un surement surpris par les événements, et l'autre évanouie de l'autre coté de la clairière. Autant faire une partie de poker contre un champion avec des cartes nulles …

AIDER.
Quel étrange phénomène. Cheval roux, fait d'eau, de vie, disparu. Aider ? Aider qui ... Qui ? Aider ... Le monde ? Aider le monde à aller mieux ? Aider ce putain de monde à aller mieux ? Pourquoi faire ? Pour rendre les gens meilleurs ? Pour que tout le monde soit heureux ? Il faut arrêter d'être naïf.
Aider ... Quel étrange phénomène. Cheval roux, fait d'eau, de vie, disparu. Disparu. Est-ce que ... Est-ce que toute vie est destiné à disparaître, ici ? Est-ce que toute vie, nous sera prise, encore ? Je ne veux pas finir comme Keïross. Je veux vivre. Laissez moi vivre. Laissez moi respirer ! Laissez moi marcher, galoper, laissez moi vivre, je ne veux pas me contenter d'exister ... Je veux vivre. Laissez moi vivre ... Reviens ... Reviens ...

- Reviens !

Reviens ...
Aider ? Mais aider qui ... ?
Le monde ? Non, trop compliqué. Aider ... Aider ... S'aider ? Soi-même ? Comme si la vie n'était pas assez dure, comme si la vie n'était pas assez compliquée. Comme si ... Aider. Cheval roux, fait de feu ... Non, fait d'eau. Fait d'eau, oui. Ce n'est pas de moi que l'on parle ici. Enfin je crois ...
Aider. Reviens, donne moi une réponse, je veux une réponse. Tout se bouscule, ça va tellement vite. Oh ... J'ai la tête qui tourne, mon esprit est embrouillé. Je crois que je suis allé trop vite. Oui, c'est ça. Je suis allé trop vite. Cheval roux, fait de feu, toi qui détruit et qui brûle, tu disparais toi aussi. Comme le cheval roux, fait d'eau. Est-ce que cela veut dire ... Que le chaos, est lui aussi destiné à disparaitre ? Que ce monde ... Alors ... Que ce monde est destiné à disparaitre ?

Aider. Je faiblis. Aidez-moi.

- Reviens ...

Donne moi une réponse, reviens. Juste une réponse.
Je ne suis plus le cheval roux, de feu, qui détruit et qui brûle. Il a disparu. Je chancelle. Ma vie se trouble. Je crois ... Oui ... Je suis allé trop vite ... Mais tout va beaucoup trop vite en fait.

Et toi, tu es là, inconsciente. Pauvre inconsciente ... Toi, qui tiens à la vie, toi qui te bats pour ta vie. Toi, fille de l'eau, fille de la mer, de la pluie et des cascades éternelles. Toi, qui es ... Si inaccessible. Est-ce cela, le coup de foudre ? Est-ce cela ? Je ne sais pas. Je suis fatigué. Tellement fatigué. Et dire que ce monde est voué à disparaître ... Alors, pourquoi continuer de se battre ? Puisque le monde va disparaître ? Pourquoi continuer de se battre, pour sauver sa peau ? On sait tous qu'un jour, on va flamber. On sait tous qu'un jour, tout va s'arrêter. Et alors, on continue pourtant, sur la route. De marcher. Encore et encore. Quel étrange phénomène. Quel étrange ... Vie.

- Toi, fille de l'eau ... De la mer ... De la ...

Pluie ... Ma voix se perd. Tout va trop vite. Tellement trop vite.
Prise de conscience. Hésitation. Décision. Non. Tout va trop vite. J'ai marché jusqu'à toi. Toi qui semble dormir sur le sol. L'orage est passé. Étrange phénomène ... Je renifle les crins de ta crinière, effleurant ta peau. Toi, fille de la vie. Moi, fils de la destruction, des flammes. Du Diable.
Toi, fille de la joie, de la renaissance, de l'éternité. Moi, fils du feu, du rouge, des brûlures, du mal. De la mort.

- Réveille toi ...

Comme un poulain, je pousse ton épaule légèrement, du bout de mon nez. Comme un poulain ... Keïross a peut être raison finalement. Il faut arrêter de jouer, de vivre. Parce que la vie ... C'est pas mon truc. Je sens une flamme qui s'éteint dans ma poitrine. La vie, c'est pas pour moi. Oui. C'est ça.

Et son aura s'éteignait doucement. Ses yeux perdirent leur éclat, doucement. Autant que son esprit forgeait un mur autour de son cœur.

- Réveille toi.

*Hmm, dormir, dormir tout le temps. J'aime dormir*

Danaé ne savait même pas si elle était dans un état de conscience ou pas. Elle voyait des images, comme ça, qui se suivaient ou bien qui se succédaient sans ordre apparent. Un peu comme si son cerveau ne réagissait plus normalement. Songes ou réalité ?

Il lui semblait entendre une voix, mais en arrière plan. Comme si les images et le son ne venaient pas de la même dimension, n'appartenaient pas au même monde. Mais alors, qui croire ? La succession d'images irréalistes ou bien cette voix ... venue de nulle part ? Oh, il y a autre chose ! Après l’ouïe et la vue, un autre sens se manifeste. Le toucher peut-être. Oh oui, c'est ça, le toucher ! Quelque chose de doux lui poussait ... l'épaule ? Le poitrail ? Impossible de s'en souvenir. Et quelque chose de froid aussi. Tombant comme en gouttes sur toute une partie de son corps. L'autre partie était ... au sol.

La voix répéta :

- Réveille toi.

Alors elle abandonna les images absurdes pour la voix réelle. Elle ouvrit les yeux, puis les referma. Comme la réalité était moche aujourd'hui ... Il ne faisait même pas beau ... ! Elle les ouvrit encore, et posa son regard encore inexpressif sur un équidé à la robe dorée. Ooooh non ... Peu à peu, tout lui revenait. Enfin, tout, c'était un peu exagéré. Parce qu'il y avait quand même un instant de noir. Un instant où la pellicule de l'appareil photo avait été effacée, comme si elle avait dormi.

Elle se releva difficilement, mais ses membres chancelèrent, et elle retomba au sol. Mais il fallait partir. Ailleurs. Ici, c'était trop ... c'était trop trop. Elle se releva encore, avec un peu plus d'équilibre que la première fois, mais sans encore être vraiment bien sur ses sabots. Elle se colla à l'étalon doré et s'appuya contre lui, passant son encolure par dessus la sienne. Elle n'avait pas oublié qu'ils s'étaient battus quelques instants plus tôt, mais elle aurait put être en face du diable qu'elle se serait reposée contre lui tout pareil. Enfin, pas exactement à vrai dire. Il y avait quelque chose en plus. L'inconnu avait vu lui aussi. Et le fait d'avoir partagé avec lui ce qu'elle avait toujours pensé être des hallucinations, ça le rendait bien plus proche qu'auparavant. En fait, à partir de maintenant, elle aurait même put lui confier sa vie s'il le fallait. Parce qu'il avait vu lui aussi. C'était aussi simple que ça.

- Emmène moi ... emmène moi à l'abri. Je t'en prie.

Il fallait qu'elle s'en aille ailleurs. Il fallait qu'ils s'en aillent ailleurs. Ici, ça sentait trop le roussi. Et puis parce qu'il faisait froid aussi. Elle avait beau être collée à l'étalon le plus chaud de la planète (ya pas de jeu mot ici xD C'est chaud au premier degré ... pas au second :P ! Du moins pas encore é-è //SBAFF//), il pleuvait quand même, et la pluie, c'est froid. C'est mouilléééé aussiiiii !

Elle tente de se lever, chancelle et tombe. Encore, et encore. Et encore. Et toi, tu ne fais rien. Pourquoi tu ne fais rien ? Tu ne sais pas. Ton esprit est embrumé, et tu es fatigué. Et elle, elle se relève, et s'appuie sur toi. Tu sens ton corps faiblir. Tu vas tomber toi aussi, si tu ne fais rien.

Tu bandes tes muscles et enfonces tes sabots dans la boue. Maintenant bien équilibré sur tes quatre membres, tu peux sentir ta chair qui te brûle, tes muscles tendus. Mais tu tiens. Car tu sais qu'elle est là, tout contre toi, et qu'elle ne tient debout, juste parce que tu es là, tout contre elle.
Elle te demande de l'emmener loin, à l'abri, loin d'ici. Elle tremblait. Elle avait froid. Elle était fatiguée elle aussi. Tu étais fatigué toi aussi ... Mais tu allais faire ce qu'elle te demandait de faire. Tu allais être brave, et l'emmener loin, à l'abri, loin d'ici. Parce que c'était comme ça, et que tu en avais encore la force, même si ton corps n'en pouvait plus. Ton cœur s'embrasait de nouveau. De la chaleur se dégageait de ta peau et tu soufflas délicatement un air chaud sur la jument tachetée.

Lentement, tu te mis à marcher. Ce simple mouvement te faisait souffrir. Tant pis, tu le ferais pour elle.
Tu ne sais combien de temps tu marchais comme cela. Dès que tu la sentais défaillir, tu l'aidais un peu plus, la soutenais un peu plus. Dès que tu te sentais défaillir, tu te disais que tu ne devais pas laisser tomber, que tu ne devais pas la laisser tomber, et tu continuais. Tu continuais, parce que tu savais que si tu t'arrêtais, elle tomberait encore. Mais tu ne savais pas, si elle se relèverait encore. Et en quelque sorte, ce serait comme l'abandonner. Alors, tu redressais fièrement la tête et tu continuais de marcher, comme si la fatigue n'existait pas. Tu ne tenais plus qu'avec la force de ta volonté et de ta détermination. Tu utilisais ton énergie pour garder ton corps chaud, afin de sécher un peu la robe de l'inconnue, et qu'elle ne tombe pas malade. Naseaux dilatés, membres tremblants, tu frappais le sol à chacun de tes pas. Tu marchais, vers son royaume. Là où elle serait le plus à l'abri, vers Keïross.

La route était longue, tu souffrais. Mais tu marchais. Encore et encore. Et encore. La pluie s'était arrêtée. L'orage était passé. A la frontière du royaume de l'eau, tu t'arrêtais, enfin.

L'étalon commença à marcher. Dans quelle direction ? Il n'y avait surement que lui qui connaissait sa destination ... Danaé, toujours appuyée contre lui, suivait le pas, luttant contre la fatigue. Quelques fois, ses paupières se fermaient, et elle somnolait quelques secondes, avant de se souvenir qu'il fallait continuer ... à quoi ? Ah oui, à marcher. A marcher à l'abri. Pour se reposer ensuite. Enfin, elle l’espérait de tout coeur ... De toute façon, il fallait bien qu'il s'arrêt un jour, non ?

L'inconnu semblait épuisé lui aussi, et pourtant, il continuait, sans laisser transparaître aucune marque de faiblesse. Il ne se décourageait pas, et sa volonté contamina peu à peu la rouanne, qui accéléra un peu le pas. S'il marchait, elle marcherait. S'il s'arrêtait, elle s'arrêterait. S'il se mettait à galoper comme un fou, elle ferait de même. Ne serait-ce que pour garder tout contre sa peau la chaleur qu'il dégageait.

Et il continuait, ne perdant toujours pas courage. Les minutes passaient sans qu'aucun des deux ne parlent, sans même qu'il n'évoque leur destination. Mais il semblait à Danaé que, depuis quelques minutes, les lieux lui paraissaient familiers. Enfin, plus ou moins. Disons plutôt que les environs avaient un air de déjà vu. Là, une petite rivière, avec quelques galets sur le bord. Et ici, un arbre, frappé par la foudre des années auparavant, avant même que naisse les ancêtres des actuels habitants des terres de Denmoriny selon la légende. D'ailleurs, en parlant de foudre ... Il semblait bien que l'orage s'était enfin arrêté. Plus d'éclair ni de tonnerre, et bientôt, la pluie battante devint un pluie fine, avant de disparaître complètement. Il faisait presque beau.

Plus ils avançaient dans ses lieux si "familiers", plus la rouanne semblait connaître les chemins qu'ils empruntaient. Soudain, l'étalon doré s'arrêta. Alors Danaé releva la tête qu'elle avait jusque là laissée basse, et put enfin admirer dans toutes leurs splendeurs ... les terres du Royaume de l'Eau. Et là, la rouanne éprouva un curieux "besoin".

- Est-ce que tu pourrais m'accompagner jusqu'à la source de la vie ? Je sais, tu n'as pas le droit d'entrer sur ces terres mais ... je ne pense pas que quelqu'un t'en tiendra rigueur si tu m'y emmènes ...

De toute façon, ils ne devraient pas rencontrer beaucoup de monde sur la route ... Et puis, s'il était accompagné de la cousine du Maître de l'Eau, ça ne devrait pas poser beaucoup de problème. Sinon, Danaé se chargerait de les régler.

- Je ne pense pas que tu saches où c'est, mais ne t'inquiète pas pour ça, je te dirais où aller.

[Pour la suite, on fait comme on a dit dans les MPs ^^]

[ The End donc ]

Sujet: Re: Elle venait du ciel ; (Break & Danaé) [FINI]

» Elle venait toujours du ciel ; (Break & Danaé)
» Entre ciel et mer • Keïross [FINI]
» Le Crissement du Vinyle [Break, Ynix, Danaé]
» Une goutte de pluie, sur un ciel enflammé ; Avec Keïross [FINI]
» The time of our lives - Privé à Break [FINI]

Elle venait du ciel ; (Break & Danaé) [FINI]

Elle venait du ciel ; (Break & Danaé) [FINI]

Sujets similaires

Sujets similaires

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée